L’Université Populaire de l’Eau et du Développement Durable (UPEDD) propose dans le cadre de son cycle « Itinéraire de l’eau de tous les jours », un webinaire en deux parties sur le thème de la petite histoire de la gestion des excrétions humaines. Et pose l’hypothèse : si elles étaient recyclables ?
Eloigner les déjections, un défi majeur pour l’humanité
Par Emmanuel Adler, Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains (LEESU), École des Ponts ParisTech (ENPC)
Histoire des moyens adoptés pour procéder à l’éloignement des déjections humaines, depuis les premiers équipements destinés à recueillir les matières solides et liquides, en passant par les conduites et les fosses de stockage, jusqu’aux opérations logistiques d’extraction, de déplacement et de transformation, pour conclure sur la victoire du tout-à-l’égout. Le système d’évacuation des déjections humaines en ville se structure en réseau, contrôlé par un nombre croissant d’acteurs, mais également de procédés techniques, de règlementations, et bien sûr, de mécanismes financiers. Les conditions d’éloignement des déjections humaines en milieu urbain se complexifient au fil du temps en créant de nouveaux problèmes.
Uriner utile. Retour vers le futur.
Par Fabien Esculier, LEESU, École des Ponts ParisTech (ENPC)
Les systèmes alimentation/excrétion des différentes communautés humaines présentent une très grande variété selon les lieux et époques considérés. Elles peuvent être distinguées en fonction de leur circularité, c’est-à-dire par le taux de retour sur des sols agricoles des excrétas. Dans l’agglomération parisienne, le système alimentation/excrétion était circulaire jusqu’au tout début du XXe siècle. Mais en ce début de XXIe siècle, le système alimentation/excrétion de l’agglomération parisienne n’est pas soutenable car il est à plus de 95 % non circulaire, intensif, inefficace et polluant aux échelles locales et globales. Ces caractéristiques sont généralisées au sein du monde occidental. Or, depuis les années quatre-vingt-dix, une prise de conscience relative à l’urine a réémergé, elle s’est traduite par de nombreuses réalisations et recherches autour de la séparation à la source des urines.
Benjamin Clouet, cofondateur et gérant de la SCOP Ecosec
Nos matières fécales peuvent également être valorisées. Ces dernières peuvent par exemple être utilisées en compost, ou alors servir à la fabrication de biogaz, produit par la fermentation de matières organiques en l’absence d’oxygène, et permettant de se chauffer ou de faire la cuisine.
Aujourd’hui, pour pouvoir réutiliser ces déchets, il faudrait être capable d’isoler les urines et les matières fécales à l’aide de toilettes adaptées. C’est ce qu’a réussi à inventer la SCOP Ecosec. « La base, c’est la séparation à la source. C’est-à-dire, séparer les trois flux qu’on a à l’intérieur du foyer domestique : les flux d’eau grise (douche, lavabo, lave-vaisselle, etc.), les urines et les matières fécales », précise Benjamin Clouet.
Eloigner les déjections, un défi majeur pour l’humanité. Crédit photo : Alexas Fotos de Pixabay
Eloigner les déjections, un défi majeur pour l’humanité
Par Emmanuel Adler, Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains (LEESU), École des Ponts ParisTech (ENPC)
Histoire des moyens adoptés pour procéder à l’éloignement des déjections humaines, depuis les premiers équipements destinés à recueillir les matières solides et liquides, en passant par les conduites et les fosses de stockage, jusqu’aux opérations logistiques d’extraction, de déplacement et de transformation, pour conclure sur la victoire du tout-à-l’égout. Le système d’évacuation des déjections humaines en ville se structure en réseau, contrôlé par un nombre croissant d’acteurs, mais également de procédés techniques, de règlementations, et bien sûr, de mécanismes financiers. Les conditions d’éloignement des déjections humaines en milieu urbain se complexifient au fil du temps en créant de nouveaux problèmes.
« Plus de quatre milliards de personnes sans installations sanitaires sécurisées
L’accès à des installations sanitaires reste une question fondamentale dans le monde. À l’échelle mondiale, plus de quatre milliards de personnes vivent aujourd’hui sans accès sécurisé à des installations sanitaires, (plus de 673 millions de personnes pratiquent encore la défécation à l’air libre) et 40% de la population mondiale ne dispose pas d’installation pour se laver les mains à domicile ».