École primaire : comment forger les outils pour répondre au fanatisme ? Anne Robin 

Lors de la journée d’hommage à Samuel Paty, le professeur d’histoire-géographie  assassiné par un islamiste le 16 octobre dernier dans les Yvelines, plusieurs incidents ont eu lieu dans des écoles primaires. Comment et avec quels outils l’école peut-elle y répondre ? Une directrice d’école, deux professeurs des écoles et une animatrice d’ateliers philosophiques en milieu scolaire expliquent leurs démarches.

« Mon père m’a dit qu’en France on avait le droit de croire ou pas. » « Est-ce qu’on a le droit de dire tout ce qu’on veut ? » « Mais si on dit ce qu’on veut, on peut être tué ? » « Je comprends pas pourquoi ils ont tué le professeur. » « Les caricatures, c’est pas bien, mais tuer quelqu’un, c’est pire. ». Voilà, nous dit une directrice d’école primaire à Paris, quelques-unes des interrogations qui ont émergé au sein de son établissement au lendemain de l’attentat contre Samuel Paty, le 16 octobre dernier. « Ils semblaient tout savoir du crime ignoble. Ils en connaissaient les détails. Et sans dire les mots et peut-être sans le savoir, ils ont tous parlé de liberté d’expression, de laïcité, de droits », ajoute-t-elle.

La directrice et son équipe pédagogique, à qui l’institution avait demandé de signaler tout « incident », au moment de la journée d’hommage à Samuel Paty, ont surtout cherché à encadrer du mieux possible ce surgissement de l’événement dans l’école. « Dans le temps de la sidération après l’attentat, la demande de signalement n’a pas été vraiment discutée, car, ce qui dominait, c’était le “comment faire” », explique la directrice. Mais la démarche peut poser question, car elle sort du cadre disciplinaire scolaire et peut conduire à une rupture de confiance entre le corps enseignant et ses élèves. Si cette demande peut être compréhensible dans le contexte « postattentat », elle doit être circonscrite à une « situation d’urgence qui nécessiterait une réponse forte et rapide, selon la directrice d’école. Dans tous les cas, l’objectif n’est pas de “mettre à l’écart” mais, au contraire, de réparer dans toute la mesure du possible le lien entre un élève en cause et la communauté éducative. »

Qu’est-ce qu’un incident et comment juge-t-on de sa gravité ? Cela n’est pas précisé par le ministère de l’Éducation nationale. Comme le fait remarquer la directrice, « ce…