« La Turquie a gagné, 86 millions de citoyens ont gagné ». C’est ce qu’a affirmé ce samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan, au lendemain d’une première phase de désarmement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Dans un discours à Ankara face aux cadres de son parti, l’AKP, Recep Tayyip Erdogan a tracé les contours de sa stratégie pour l’avenir.
Dans ce discours très attendu – son premier depuis que le PKK a entamé symboliquement son désarmement – Recep Tayyip Erdogan n’a rien annoncé de concret, si ce n’est la création d’une commission parlementaire pour encadrer le processus. Hier vendredi, une trentaine de combattants kurdes, hommes et femmes, ont détruit symboliquement leurs armes lors d’une cérémonie dans le nord de l’Irak, une étape historique après un demi-siècle de guerre contre l’État turc.
L’absence d’éléments concrets n’est pas une surprise, car les intentions du président turc étaient ailleurs. Il s’agissait d’abord de présenter ce processus d’une « Turquie sans terrorisme » (c’est son nom officiel) comme un succès pour l’alliance au pouvoir. Ensuite, rassurer l’opinion publique turque, notamment les plus nationalistes et les familles des victimes du PKK, qui restent très réticents vis-à-vis des efforts de paix. « N’ayez aucune inquiétude », a-t-il dit plusieurs fois, assurant que ces efforts n’avaient rien d’un « marchandage ».
Enfin – et c’est peut-être le plus important – Recep Tayyip Erdogan a tracé les contours d’une nouvelle alliance informelle. Une alliance entre le bloc au pouvoir, constitué de son parti l’AKP et du parti ultranationaliste MHP, et le parti pro-kurde légal, le DEM, notamment lorsqu’il a lancé : « Nous – AKP, MHP et DEM – avons pris la décision d’avancer ensemble tous les trois sur ce chemin. Nous marcherons en faisant des pas les uns vers les autres. Si Dieu le veut, nous construirons ensemble, main dans la main, le siècle de la Turquie. »
Des propos qui ne manqueront pas d’inquiéter ceux qui soupçonnent Tayyip Erdogan de vouloir faire alliance avec le parti prokurde pour rester au pouvoir au-delà de son mandat actuel, qui expire dans trois ans.
RFI