La police a procédé à de premières interpellations de personnes violant le couvre-feu instauré mardi à Los Angeles, au cinquième jour de manifestations parfois violentes contre la politique migratoire de l’administration Trump, tandis que le Texas, autre Etat à forte population latino-américaine, a annoncé déployer la Garde nationale.
« Des groupes multiples continuent de se rassembler… et des arrestations massives sont en cours. Le couvre-feu est en vigueur », a indiqué la police de la mégapole californienne. Selon le Los Angeles Times, 25 personnes ont été arrêtées.
Quelques heures plus tôt, la maire démocrate de la ville Karen Bass avait annoncé instaurer « un couvre-feu dans le centre de Los Angeles pour mettre fin aux actes de vandalisme et de pillage », de 20H00 locales (03H00 GMT mercredi) à 06H00 du matin.
« La nuit dernière, 23 commerces ont été pillés, et je pense que si vous traversez le centre de Los Angeles, les graffitis sont omniprésents et causent des dommages importants aux commerces et à un certain nombre de propriétés », a-t-elle ajouté.
Depuis vendredi, la deuxième plus grande ville américaine, à forte population d’origine hispanique, est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les clandestins et des forces de l’ordre en tenue anti-émeute. Ces affrontements sont néanmoins restés sporadiques et localisés.
Les rues sont restées relativement calmes mardi dans le centre-ville, y compris dans le quartier de Little Tokyo, après un face-à-face nocturne entre des manifestants tirant des feux d’artifice vers des policiers et ces derniers ripostant avec du gaz lacrymogène.
Cependant, des agents de la police de Los Angeles (LAPD) sont intervenus pour procéder à des arrestations parmi quelques centaines de manifestants devant un tribunal.
Un peu plus loin, une centaine de personnes se sont brièvement rendues sur une autoroute, interrompant la circulation.
– « Anarchie » –
Dans cet épisode devenu objet de rivalité politique intense entre l’administration Trump et les dirigeants du parti démocrate, le poids-lourd républicain Gregg Abbott, gouverneur du Texas, grand état du Sud, frontalier du Mexique, où vit une forte population latino-américaine, a annoncé mardi soir qu’il ordonnait le déploiement de la Garde nationale.
« Manifester dans le calme est légal. S’en prendre aux personnes ou aux biens est illégal et déclenchera des arrestations », a-t-il dit, alors qu’au fil des jours, quelques manifestations et heurts ont éclaté dans d’autres points des Etats-Unis, sans pour autant se répandre comme une traînée de poudre.
Mardi en début de soirée, quelques milliers de personnes ont marché dans le sud de Manhattan à New-York.
De l’autre côté du spectre politique, le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom, devenu l’ambitieuse figure de proue de l’opposition, tire à boulet rouge contre Donald Trump et veut contester dans les prétoires sa décision de déployer l’armée dans son Etat, bastion démocrate.
Dans une allocution télévisée mardi soir, il a dénoncé un « abus de pouvoir éhonté ».
« Déployer dans la rue des combattants entraînés pour la guerre est sans précédent et menace le fondement même de notre démocratie », a encore dénoncé dans un communiqué Gavin Newsom, considéré comme un candidat potentiel à la Maison Blanche pour 2028. « Donald Trump se comporte comme un tyran, pas comme un président. »
Le président républicain, qui agonit régulièrement d’injures et de quolibets M. Newsom, a déjà déployé en Californie la Garde nationale, force de réserve, contre la volonté des autorités locales et des centaines de Marines sont attendus en renfort.
« Cette anarchie ne se poursuivra pas. Nous ne permettrons pas que des agents fédéraux soient attaqués et ne laisserons pas une ville américaine être envahie et conquise par des ennemis étrangers », a lancé mardi Donald Trump lors d’un discours sur une base militaire.
Il a menacé de recourir à l’Insurrection Act, régime d’état d’urgence qui confère au président le pouvoir d’utiliser les forces armées dans des missions de maintien de l’ordre sur le territoire américain.
Quelque 700 Marines, un corps d’élite normalement utilisé comme force de projection extérieure, doivent rejoindre 4.000 militaires réservistes de la Garde nationale déjà mobilisés par Donald Trump, auquel il est reproché d’avoir pris des mesures disproportionnées.
Jusqu’à quand ce déploiement de militaires – dont le coût est estimé à 134 millions de dollars par le Pentagone – durera-t-il ? « Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de danger », a répondu Donald Trump.
AFP