Il est devenu presque systématique : à la moindre critique formulée contre le Premier ministre Ousmane Sonko ou son gouvernement, des voix s’élèvent non pas pour argumenter, mais pour menacer. Menacer de poursuites, appeler à la cybercriminalité, réclamer l’autosaisine du procureur comme si la République se résumait à faire taire plutôt qu’à convaincre.
Pourtant, défendre une idéologie, un programme ou un leader politique ne se fait pas à coups de notifications judiciaires ou d’indignations sélectives sur les réseaux sociaux. Cela se fait dans l’arène du débat public, avec des idées, des arguments, de la rigueur et du courage. Là où l’on entendait autrefois des militants prompts à démonter point par point les positions adverses, on voit aujourd’hui des supporters chercher refuge derrière des institutions censées rester impartiales.
Le député Amadou Ba, qu’on l’apprécie ou non, incarne une posture différente. Il défend, avec ses mots, ses convictions, ses armes politiques, le régime en place. Il monte au créneau, prend des coups, répond sans détours. Il n’a pas besoin d’invoquer chaque semaine le code pénal pour exister dans le débat.
Où sont les Waly Bodian ? Où sont les Fadilou Keita ? À quand une tribune d’idées ? À quand un plateau télé partagé avec un contradicteur ? Le débat d’idées est au cœur de toute démocratie saine. Et l’opposition, aujourd’hui au pouvoir, ne peut pas passer de la dénonciation de la répression à l’organisation de la censure.
Les invocations répétées à la Cybercriminalité ou au Parquet pour museler la critique, surtout lorsqu’elle est argumentée et publique, trahissent un malaise. On gouverne mal quand on débat peu. Et l’on débat mal quand on refuse la contradiction.
Nous appelons donc les soutiens du Premier ministre à retrousser leurs manches. À cesser d’invoquer la répression pour fuir la confrontation intellectuelle. Le Sénégal a besoin de lucidité, pas d’intimidation. D’échanges, pas de procédures. D’hommes debout, pas de procureurs à la demande.
Retrouvons l’esprit républicain : celui qui honore la joute verbale plutôt que la plainte, l’argument plutôt que la menace. Le débat est une responsabilité citoyenne. Fuyons les raccourcis, et retrouvons le chemin de l’intelligence collective.
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