Un long séjour africain vous change en profondeur et vous laisse différent de ce que vous étiez avant de vous y rendre.
Mais sans que vous puissiez toujours préciser en quoi.
Car le voyage en Afrique se double d’un voyage intérieur au cours duquel l’individu s’enfonce en lui-même comme il s’enfonce au cœur de la forêt. Le coup de bambou qui frappe la plupart de ceux qui s’attardent sous les tropiques est symptomatique de cette métamorphose.
Et comme elle mûrit souterrainement, l’expatrié n’est pas le mieux placé pour la diagnostiquer.
D’où l’idée de cette autobiographie indirecte qui permet de s’exprimer par textes interposés, en passant par les écrits de certains auteurs qui rendent parfaitement compte des changements qui s’opèrent au contact de cette Afrique qui demeure le véritable sujet de ce récit.
C’est une manière aussi de rendre hommage à ces écrivains dont les récits nous aident à mieux appréhender les réalités africaines. Mais quand un Blanc débarque aujourd’hui en Afrique, ce n’est pas tant son passé personnel qui importe que l’héritage dont il est porteur lorsqu’il y met les pieds. Même s’il n’a pas vécu personnellement la période coloniale, il reste dépositaire de son héritage : toute biographie s’enracine dans un passé collectif qu’il s’agit d’interroger à travers des auteurs qui ont vécu à différentes époques. Ce livre passionnant est beaucoup plus qu’une autobiographie « africaine ».
Roland Louvel est né en 1944. Il a travaillé plus de 35 ans en Afrique noire, en étant successivement volontaire, prestataire indépendant, assistant technique de la Coopération française puis consultant, notamment sur des projets de développement rural dans le domaine de l’eau, de l’environnement et des énergies renouvelables.