À Genève, le 10 septembre 2025, devant le Bureau des droits humains de l’ONU, le ministre de la Justice du Congo et l’ambassadrice du Rwanda auprès des Nations unies se sont opposés sur le conflit dans l’est de la RDC, cette dernière répondant notamment à l’exigence de Kinshasa de « reconnaissance internationale des génocides perpétrés sur le territoire congolais ». Détails.
À Genève, en Suisse, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a récemment présenté son rapport sur le conflit dans l’est de la RDC. Un rapport très critique avec toutes les parties. « Peu d’endroits au monde sont confrontés à une crise aussi grave et urgente », a indiqué le Haut-commissaire aux droits humains de l’ONU, Volker Türk. Comme le veut la règle onusienne, les autorités congolaises et rwandaises ont pu répondre à ces graves accusations.
« Ce conflit est alimenté par une agression menée par le Rwanda et le M23 »
À la tête d’une importante délégation qui a réfuté tout liens entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) – groupe rebelle hutu formé à l’origine d’anciens génocidaires rwandais – le ministre congolais de la Justice, Guillaume Ngefa Atondoko, a souligné que les Nations unies pointaient aussi le soutien du Rwanda au groupe politico-militaire AFC/M23. « Ce conflit n’est pas interne, a-t-il lancé au micro. Il est alimenté par une agression extérieure, menée par le Rwanda et ses supplétifs du M23 ».
Représentante du Rwanda, l’ambassadrice Urujeni Bakuramutsa, elle, a fustigé le dernier rapport des Nations unies, un document sans preuve, a-t-elle indiqué. « Le Rwanda réfute donc les allégations selon lesquelles il pilote ou contrôle le M23 ou toute autre faction armée », a-t-elle insisté.
L’accusation de génocide en RDC, « une ligne rouge » pour Kigali
Autre point de tension entre les deux pays : la question de génocide. Depuis Kinshasa, le 8 septembre, le président Felix Tshisekedi avait appelé « à la reconnaissance internationale des génocides perpétrés sur le territoire congolais ». Une accusation reprise en Suisse par Guillaume Ngefa Atondoko : « La RDC continuera son plaidoyer pour la reconnaissance internationale du Genocost [contraction de « Geno » pour génocide et de « cost » pour coût en anglais, c’est-à-dire un génocide mené pour s’accaparer les richesses du Congo, NDLR], ce génocide perpétré sur son sol. »
Une déclaration jugée brutale et malhonnête pour l’ambassadrice du Rwanda : « C’est une ligne rouge pour mon pays d’être accusé de ces allégations de génocide, alors que c’est fondé sur le droit international. »
Le bureau des droits de l’hommes des Nations unies a appelé le Rwanda et la RDC à traiter cette question sensible de façon bilatérale.
L’est de la RDC, où une multitude de groupes armés et de milices sont présents, est en proie à des violences depuis 30 ans. Le groupe politico-militaire AFC/M23 s’est emparé entre janvier et février de pans de territoires des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu voisin.
Cette région du Congo est le théâtre de graves violences constitutives de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité « commises par toutes les parties », le M23 soutenu par le Rwanda et l’armée congolaise ou affiliés, a conclu le 5 septembre dernier une mission d’enquête de l’ONU.
Un accord de paix des gouvernements congolais et rwandais a été signé en juin à Washington, puis une déclaration de principe avec le M23 signée au Qatar en juillet « en faveur d’un cessez-le-feu permanent ».
RFI