
Lettres de Renaissances Editions | avril 2017
Quand deux écrivains se rencontrent et que l’un décide de se pencher sur le texte et le livre de l’autre, il ne peut en sortir que du merveilleux. Ils se connaissent. P B CISSOKO
les belles feuilles de notre littérature, par Amadou Elimane KANE ( à suivre -écrivain, poète, formateur, conférencier, éditeur et écrivain)
EXCLUSIF SENEPLUS – À travers des situations nées de son imaginaire, l’auteur dénonce le népotisme, la corruption et l’absence de conception politique pour les micros-États d’Afrique qui fonctionnent encore sur un mode abscons
Amadou Elimane Kane | Publication 02/11/2025
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Emprunté à la langue grecque dramatourgia, le mot dramaturgie se définit comme un art de la composition ou de la représentation d’une pièce de théâtre. Ce genre littéraire et artistique est connu depuis l’antiquité avec Sophocle, puis de Racine, Molière ou Shakespeare jusqu’aux productions contemporaines. L’expression théâtrale qui appartient à l’art vivant permet d’exprimer la démesure pour mieux dire et pour mieux dénoncer les scandales qui perdurent. La farce, le drame, la poésie, l’épopée peuvent y être entremêlés et produire une œuvre particulièrement vivante et intemporelle.
Mamadou Diallo, avocat au barreau de Paris, écrivain et poète, possède toutes les qualités volcaniques du dramaturge. Dès les premiers mots, dès le premier acte et la première scène, le décor est planté et l’on est déjà installé sur notre fauteuil, les yeux rivés devant un spectacle qui, on le sait, nous fera réfléchir. La connivence avec le lecteur, ou plus exactement le spectateur, est instantanée car, même si les traits des personnages sont forcés, que la caricature est explosive, la vérité des êtres est ainsi mise à nu. Et nous l’admettons car ce sont les codes inventifs et inhérents au théâtre qui nous permettent d’y croire.
La fiction ainsi représentée renferme plus d’intensité encore que la réalité. Elle incarne avec justesse des situations drôles mais dissonantes et qui parlent immédiatement à nos imaginaires.
L’exposition dramatique de Bal d’Afrique est assez simple. Un jeune député est élu par la volonté de son clan, soutenu notamment par les notables du village qui veulent conserver à tout prix leurs privilèges ancestraux. Mais le jeune élu a d’autres ambitions, celle notamment de rétablir la justice pour offrir à la jeunesse une nouvelle terre de travail, de vie et de prospérité. Aidé du poète visionnaire et militant, il doit se battre contre l’oligarchie puissante du pouvoir. La suite de la pièce est un tourbillon de jeux cocasses, ridicules et éloquents mis en scène et organisés par les comploteurs qui tentent d’acheter les idées révolutionnaires du jeune député.
Ainsi, par le truchement du théâtre, Mamadou Diallo fait tomber les masques de l’imposture. À travers des situations nées de son imaginaire dans un pays fictif, il dénonce le népotisme, la corruption et l’absence de conception politique pour les micros-États d’Afrique qui fonctionnent encore sur un mode abscons, celui de l’héritage paresseux, plutôt que sur celui de l’exigence et de l’action.
Travestissant des épisodes bien connus de nous tous, Mamadou Diallo cherche, à travers l’art de la transformation et du jeu, à ouvrir les consciences et à incarner les rôles que nous avons à jouer pour le devenir des terres d’Afrique. Ce message, profondément mis à jour et magistralement mis en scène, parvient à atteindre chacune de nos expériences et notre humanisme pour engager le changement et la renaissance de nos valeurs culturelles et sociales.
Les personnages sont éminemment justes dans l’excès et la parodie, c’est la force du théâtre et de la représentation que de dire une vérité qui grince, la rendant ainsi burlesque sous la lumière de la scène et devant les yeux humains pour mieux la combattre. Bal d’Afrique est également comme une joute orale jubilatoire rendue possible par des dialogues enlevés qui représentent le monde et ses nombreuses manipulations par la trahison et l’intérêt personnel.
La poésie est également présente dans les apartés, utilisée comme un procédé dramatique, pour enlever, par la métaphore, le récit théâtral et apporter la beauté de l’espoir. Même si la défaite idéologique se dessine au profit de la mascarade, toutes les espérances sont permises car les actes fondateurs pour renaître, au moyen de l’art dramatique et de la fiction, sont posés pour la réalité de l’éternité.
L’auteur produit une œuvre à la fois allégorique, visionnaire et vivante et qui place le spectateur du côté du rideau des justes qui, demain, se lèveront pour être les défenseurs d’une Afrique renouvelée et renaissante. Assurément, la grandeur de la justice et de la loyauté l’emportent sur la manigance, la tromperie, le discours falsifié en annonçant, comme un coup de théâtre, leur fin imminente. L’organisation sociale et culturelle des terres africaines a besoin plus que jamais de ses héros symboliques, de ses personnages intègres et sincères, qui construisent notre récit et qui œuvrent pour le progrès de la civilisation.
Ainsi Mamadou Diallo est un conteur talentueux qui, à l’aide de sa verve poétique et inspirée, trouve ici une voix littéraire hybride entre parodie, théâtralité et prosodie, provoquant des collisions à notre conscience et à notre sensibilité entre drôlerie et bouleversement.
Bal d’Afrique, Mamadou Diallo, théâtre, éditions Lettres de Renaissances, Collection Baobab, Paris, 2017
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Lire ceci – Sénégal: Livres – « Les éclats du temps » par Me Mamadou Diallo : une poésie de colère, d’amour et de lutte contre l’oubli
12 Octobre 2005
Par Abdoulaye Thiam
Notre compatriote Mamadou Diallo, avocat au barreau de Paris, vient de publier aux éditions Acoria, un livre de poésie intitulé « Les éclats du temps ». Docteur en Droit de la Faculté de Droit et des Sciences politiques de Nantes, cet ancien élève du lycée Lamine Guèye (ex-Van Vollenhoven) des années 70, avait quitté son Fouta natal à l’âge de 4 ans pour passer son enfance au Plateau.
Responsable des cadres de l’Alliance des forces pour le progrès (Afp) en France, Me Mamadou Diallo, s’est beaucoup intéressé à la poésie. Dans ce livre, il rend hommage aux Tirailleurs sénégalais, parle de l’Ile de Gorée, du drame rwandais, dénonce l’apartheid, etc.
LE SILENCE DU TOTEM OU LA RESTITUTION DE L’ESTHÉTIQUE AFRICAINE
CHEIKH HAMIDOU KANE OU LE BÂTISSEUR DES TEMPLES DE NOTRE MÉMOIRE
LES BONS RESSENTIMENTS D’ELGAS OU LES VAGUES ÉMANCIPATRICES DE LA DÉCOLONISATION
UN DÉTOURNEMENT LITTÉRAIRE EN FAVEUR DES LETTRES AFRICAINES
BATTEZ, BATTEZ LE TAM-TAM DE LUMIÈRE, LE TAM-TAM DE NOTRE HISTOIRE
VEILLÉES AFRICAINES DE NDÈYE ASTOU NDIAYE OU L’ART DU RÉCIT INITIATIQUE
SAISONS DE FEMMES DE RABY SEYDOU DIALLO OU L’HÉRITAGE MATRILINÉAIRE AFRICAIN
ANNETTE MBAYE D’ERNEVILLE, UNE PHARAONNE BÂTISSEUSE
LA RÉSISTANCE DES FEMMES DANS L’ŒUVRE THÉÂTRALE DE MAROUBA FALL
LANDING SAVANE OU LA POÉSIE EN LETTRES RÉVOLUTIONNAIRES
MURAMBI, LE LIVRE DES OSSEMENTS OU LE RÉCIT HISTORIQUE D’UN MASSACRE
AFROTOPIA OU LA CIVILISATION POÉTIQUE AFRICAINE
AMINATA SOW FALL, LA VOLONTÉ ET L’ESPOIR
ROUGES SILENCES DE FATIMATA DIALLO BA OU L’INTENSITÉ D’UN RÉALISME MAGIQUE
DE LA DÉCOLONISATION DE LA PENSÉE CRITIQUE AU RÉCIT AFRICAIN
ABDOULAYE ELIMANE KANE OU LA MÉMOIRE DENSE DE BEAUTÉ
TANGANA SUR TEFES, UNE BALADE LITTÉRAIRE ENTRE NOSTALGIE ET FANTAISIE
ISSA SAMB DIT JOE OUAKAM, UNE ICÔNE DU MONDE DES ARTS SÉNÉGALAIS
LA PLAIE DE MALICK FALL OU LE RÉCIT EMBLÉMATIQUE DU MASQUE
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LE DERNIER DES ARTS DE FARY NDAO OU LA CONQUÊTE DES RÊVES
LE COLLIER DE PAILLE DE KHADI HANE OU LE TAM-TAM DE ROMANCE
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UNIVERSALISER PAR SOULEYMANE BACHIR DIAGNE OU COMMENT DIFFUSER LA CULTURE HUMAINE DANS SA PLURALITÉ
LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR OU LE GESTE POÉTIQUE, PAR ABOU BAKR MOREAU
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NAFISSATOU DIA DIOUF, UNE POÉSIE ÉPRISE DE DOUCEUR ET DE JUSTESSE
FATOUMATA BERNADETTE SONKO OU LE REFUS DU SILENCE
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MANKEUR NDIAYE OU LA DIPLOMATIE AU CŒUR
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