Alioune Ndao : Un ex-Procureur entre Cash et Sorcellerie

Alioune Ndao : Un ex-Procureur entre Cash et Sorcellerie

Le Sénégal est-il devenu un immense marché où la justice se brade comme une vulgaire marchandise ? plusieurs pourraient le penser après avoir écoutéla stupéfiante confession dAlioune Ndao. Lhomme, autrefois érigé en parangon dintégrité, vient dadmettre, lair de rien, quil a été « acheté » par Macky Sall… et, cerise sur le gâteau, à sa propre demande. Oui, vous avez bien lu : ici, la corruption ne se subit même plus, elle se sollicite.

Mais le plus beau reste à venir. Ce nest ni sous la menace, ni sous pression quil a encaissé largent. Non, notre procureur avait une motivation autrement plus ésotérique. Il explique avoir demandé ces fonds pour se « protéger mystiquement » contre le prétendu pouvoir occulte de laccusé quil devait condamner sur commande. Traduction : au Sénégal, un magistrat peut désormais toucher des pots-de-vin non pour pervertir la justice, mais pour se prémunir des mauvais sorts. On ne parle plus de corruption ordinaire, mais dune corruption avec supplément incantations et grigris bénis.

Si une telle révélation ne provoque pas un séisme national, alors plus rien ne le pourra. Car enfin, quun homme censé incarner limpartialité judiciaire puisse avouer sans sourciller quil a troqué son éthique contre des intérêts personnels – et pire, quil la fait au nom dune croyance en des forces occultes – est tout simplement hallucinant. Voilà donc où nous en sommes : notre Procureur émérite donne une image de la justice sénégalaise qui ne serait plus seulement aux ordres du politique, mais qui se serait aussi ouverte à la sorcellerie

Dans un État digne de ce nom, une telle déclaration déclencherait une avalanche de sanctions, une enquête immédiate, une tempête dindignation nationale. Mais ici ? Rien. Parce quau Sénégal, limpunité est une tradition bien huilée, et ceux qui devraient rendre des comptes sont souvent les premiers à dormir sur leurs deux oreilles.

A bien l’écouter, son attitude dans l’affaire qui lui a servi d’exemple n’aurait rien d’exceptionnel. Alors, une question simpose : combien dautres magistrats ont suivi la même voie ? Combien de décisions ont été rendues non pas en fonction du droit, mais en fonction des intérêts du moment ou de la nécessité dune petite purification mystique ? Et surtout, comment accorder le moindre crédit aux procès politiques qui ont marqué ces dernièresdécennies ?

Cette affaire dépasse la simple question de la corruption. Elle révèlerait une justice sénégalaise où la vérité et limpartialité ont cédé la place aux deals en coulisses et aux protections invisibles. Si tel était le cas, notre pays ne pourrajamais prétendre à un véritable État de droit.

Car quand un procureur peut avouer avec autant de désinvolture quil sest « protégé » de son accusé en encaissant un pactole, ce nest pas seulement son honneur qui est en jeu : cest celui de toute linstitution judiciaire.

Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir

SENEGAAL KESE