La vraie rupture incarnée par Diomaye-Sonko (par Aboubakr KA)

Ce qui dérange, ce n’est pas la visite à Ouagadougou, mais la rage de ceux qui, depuis 60 ans, défendent une diplomatie soumise, cachée derrière le faux « prestige » de la Françafrique. 

En quoi voir le Premier ministre avec le capitaine Traoré serait pire que les accolades entre Macky et les autocrates comme Biya, Déby ou Gnassingbé ?

Pourquoi refuser à l’actuel pouvoir ce que Senghor ou Wade ont pratiqué sans procès d’intention — eux qui dialoguaient aussi avec des régimes autoritaires, pensons par exemple à la Libye de Kadhafi ?

Cette indignation trahit une posture intellectuelle néocoloniale, qui assimile toute forme d’autonomie stratégique à une dérive populiste. Cette rhétorique élitiste, qui réduit toute contestation à une affaire d’ego ou de « jambarisme » (sic), ne suffit plus à étouffer le souffle souverainiste d’une jeunesse africaine en quête de dignité.

Plutôt que ces attaques ad hominem, il serait plus utile de s’interroger sur les failles des démocraties africaines qui permettent à des discours militaristes de prospérer. S’indigner des militaires burkinabè tout en fermant les yeux sur les tripatouillages constitutionnels et l’instrumentalisation de la justice ailleurs, c’est appliquer un dangereux deux poids, deux mesures.

Le régime actuel, élu par les Sénégalais, incarne une volonté claire de rupture, de reconfiguration des alliances et d’émancipation vis-à-vis des injonctions diplomatiques extérieures. Ce qui dérange, ce n’est pas le dialogue avec Ouagadougou, mais le fait qu’il rende à Dakar une voix souveraine, fière et assumée.

PS : Curieusement, nos vaillants « soldats de la démocratie » militent pour le débat, la liberté et l’échange… mais verrouillent systématiquement leurs commentaires.

Aboubakr KA