Ndèye Saly Diop Dieng au banc des accusés pour 50 millions F Cfa à élucider

Ndèye Saly Diop Dieng ouvre, ce matin, le bal des ministres à être entendus par la Commission d’instruction de la Haute cour de justice pour une histoire de 50 millions dans le cadre de la gestion du Fonds Covid-19.

La machine judiciaire démarre, ce matin, avec la convocation de Mme Ndèye Saly Diop Dieng devant la Commission d’instruction devant la Haute cour de justice. L’ancienne ministre de la Famille, de la femme, du genre et de la protection des enfants est poursuivie pour une surfacturation supposée de 52 millions F Cfa révélée par la Cour des comptes dans le cadre de la gestion du Fonds Covid-19.

C’est par lettre référencée n°0114 du 08 avril 2025 que le Procureur général près la Cour d’appel de Dakar a transmis au Garde des sceaux, le procès-verbal n°567 en date du 18 juillet 2025 de la Division des investigations criminelles, afférent au ministère de la Femme, qui a ensuite saisi le président de l’Assemblée pour la levée de l’immunité parlementaire et la mise en accusation de Mme Ndèye Saly Diop Dieng.

Selon le rapport de la Cour des comptes, le ministère a reçu une enveloppe de 150 millions F Cfa ouverts dans les livres de la banque Crédit du Sénégal. Il indique «que les justificatifs de dépenses d’un montant de 36 147 500 F Cfa supposées avoir été réalisées étaient les mêmes que ceux qui avaient été produits pour les opérations de la caisse «Aide et secours»». Il souligne que des aides et secours avaient été versés à des personnes ayant les mêmes prénoms et nom de famille avec des numéros de carte nationale d’identité similaires, et parfois les mêmes adresses, pour des montants différents évalués au total à la somme de 52 223 300 F Cfa.

Entendu par les éléments enquêteurs, le Dage «a soutenu que certains de ces supposés bénéficiaires étaient, en réalité, des fournisseurs». Il a indiqué qu’une partie de ce montant avait servi au paiement de ces derniers et qu’une autre, s’élevant à la somme de 22 367 300 F Cfa, avait été distribuée à titre d’appui financier au profit des agents du ministère sur décision de «l’autorité».

 Alors qu’il reconnaissait que ces dépenses étaient initialement prévues pour la prise en charge des opérations de retrait des enfants de la rue. D’après le rapport, la Cour des comptes «avait relevé que l’utilisation d’un montant de 4 828 700 F Cfa n’avait pu être justifiée». En fin de compte, la Cour a retenu que le Dage «s’est retrouvé dans l’incapacité de produire des pièces justificatives des dépenses effectuées par le ministère de la Femme, de la famille, du genre et de la protection des enfants pour ce montant de 52 233 300 F Cfa».

Ndèye Saly Diop Dieng au banc des accusés pour 50 millions F Cfa à élucider

Dans le cadre de l’enquête, les fournisseurs Oumar Souleymane Thiaw, directeur du Centre éducation spécialisée d’expression et des loisirs, Khady Cissé trésorière du Gie Lawtaw, Ndèye Ngoye Lô, assistante sociale à la retraite, Chérif Diaw, Directeur administratif et commercial de «Dakar Actu», Thierno Ama­dou Sy, journaliste, et Béatrice Marième Mendy, Coordon­natrice administrative du Samu social, «ont affirmé n’avoir signé, chacun, qu’une seule décharge et ignorer la provenance des autres pièces qui leur sont prêtées et qui ont été produites par le Dage».

Dans la même enquête, les enquêteurs «ont relevé le paiement de primes aux agents du ministère sur les fonds Covid-19 ou de la Caisse d’avance aide et secours», ajoutant aussi qu’il y a «d’autres paiements effectués au profit de tiers rattachés frauduleusement à des structures ou à des agents, à leur insu et avec imitation de signatures et usage de fausses références de carte nationale d’identité, et enfin, des prêts octroyés à des tiers et non remboursés».

Aujourd’hui, Mme Diop sera entendue sur ces présomptions d’association de malfaiteurs, de faux et d’usage de faux en écriture privée, de commerce ou de banque, de détournement de deniers publics, d’escroquerie portant sur des deniers publics. Lors de sa mise en accusation, la députée de la Nouvelle Responsabilité n’avait pas caché son amertume. Elle était presque vexée par ces accusations : «Ces accusations m’ont profondément blessée. C’est très difficile à vivre pour ceux qui me connaissent et savent ma droiture.

J’ai travaillé avec loyauté. Ce projet a permis de retirer 5089 enfants de la rue. J’ai interrogé mon Dage qui m’a détaillé l’utilisation des fonds. On lui a demandé de cautionner, mais de quoi je me mêle ? En 40 ans de carrière, j’ai géré tous mes postes avec dignité. Qu’ai-je fait, sinon être une femme politique ? Est-ce un délit d’être dans l’opposition ? On a sali mon image, et je ne vous le pardonnerai jamais. La vérité est le début de la justice.» A la fin de la journée, elle sera édifiée….