En un an, le président Bassirou Diomaye Faye a pris plusieurs mesures pour imprégner le pays de sa politique. Parmi les nombreuses décisions annoncées, figure celle de la renomination des rues.
Carole Diop, architecte, a été interrogée par « Jeune Afrique » sur l’absence de nom d’une femme au Sénégal. Mais pour elle, renommer les noms des rues n’a aucune utilité. « C’est une décision politique qui ne sert pas à grand-chose. Par exemple, l’avenue Ponty a beau avoir été renommée avenue Pompidou, tout le monde continue de l’appeler Ponty, comme l’avenue Albert Sarraut, qui a été renommée Hassan II. Plutôt que de changer les noms de rue, on ferait mieux d’installer des plaques pour expliquer les choix qui ont été faits et réfléchir à ces choix », pense Mme Diop.
Aussi, ajoute-t-elle, des sites portent des noms de personnalités dont l’héritage est contestable. « Il y a beaucoup de sites que l’on renomme Blaise Diagne, comme le nouvel aéroport international. Il fut le premier député noir français, mais aussi celui qui organisait le recrutement des tirailleurs sénégalais, parfois de force. À l’époque, Van Hollenhoven [l’administrateur colonial] était opposé à ce recrutement ; il avait d’ailleurs démissionné. Est-ce vraiment Blaise Diagne que l’on a envie de mettre en avant ? Cela vaut la peine d’y réfléchir », termine l’experte.