Joyce Carol Oates : Boucher  ( l’histoire d’un médecin atypique voire malade )


Claude Seban (Traducteur)ed Philippe Rey

Résumé :
Le terrifiant récit d’un médecin prêt à toutes les expérimentations dans un asile pour femmes au XIXe siècle pour se faire un nom dans la recherche médicale. Humilié par une accusation mettant en cause son professionnalisme, le Dr Silas Weir,  » père de la gyno-psychiatrie  » au XIXe siècle, est contraint d’accepter un poste à l’Asile des femmes aliénées du New Jersey, où il est autorisé à poursuivre sa pratique, sans aucun contrôle extérieur. Il s’impose rapidement comme un pionnier de la chirurgie, tandis qu’il soumet les femmes aux modes d’expérimentation les plus abjects. L’ambition de Weir est exacerbée par son obsession pour une jeune servante irlandaise, nommée Brigit, qui devient non seulement sa principale patiente, mais aussi l’agent de sa destruction.
Raconté par le fils aîné de Silas Weir, qui a répudié l’héritage de son père trop brutal à ses yeux, Boucher est un voyage cauchemardesque allié à une romance inattendue, dont la conclusion est surprenante. Appuyé sur d’authentiques documents historiques, ce roman envoûte et tourmente, confirmant le talent de Joyce Carol Oates pour explorer les régions les plus sombres de la psyché américaine.

« Boucher », de Joyce Carol Oates : le médecin qui voulait faire mal aux femmes

Le portrait d’un monstre obsédé par le besoin de détruire les organes sexuels féminins. Folie, patriarcat, violence : l’écrivaine américaine est à son meilleur.

Par Florence Noiville

L’écrivaine américaine Joyce Carol Oates, à Stockholm, en 2023. ANDERS WIKLUND / TT NEWS AGENCY VIA AFP

« Boucher [Père de la gyno-psychiatrie moderne] » (Butcher [Father of modern gyno-psychiatry]), de Joyce Carol Oates, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claude Seban, éd. Philippe Rey, 480 p., 25 €, numérique 17 €.

Lors de son dernier passage en Europe, alors qu’elle venait se faire remettre l’un des rares prix qui (avec le Nobel) manquent encore à son palmarès, Joyce Carol Oates a fait une découverte épatante : le Musée d’histoire de la médecine, à Paris. Les salles dévolues à la gynécologie, en parti­culier, l’ont enchantée. Au point que cette jeune Américaine de 86 ans s’est empressée de poster sur son compte X des photos de tous les spéculums les plus archaïques, de tous les scalpels les plus effrayants qui y sont exposés : une parfaite « illustration par l’objet » de ce qu’elle raconte dans son soixante-quatrième et nouveau roman, Boucher.