Il ne manquait plus à la France que ce défilé contre l’islamophobie, sur le mode victimaire et religieux, comme celui qui s’est déroulé dimanche dernier à Paris. Une bonne façon d’exacerber encore un peu plus, comme si c’était nécessaire, un sentiment « anti-musulman » dans le pays. Et une occasion supplémentaire pour Marine Le Pen et le Rassemblement national d’engranger des voix.
Une telle manifestation était-elle d’ailleurs opportune à un moment où en enregistre une baisse des actes antimusulmans (100 contre 121 l’an dernier) alors que les actes antisémites, eux, sont en hausse (541 contre 311 soit une augmentation de 74%). Quant aux actes antichrétien, comme le vandalisme des cimetières et les profanations d’églises, les chiffres restent stables.
Une partie de la gauche, dont les Insoumis, était bien sûr présente dans le cortège, (Mélenchon paradait en tête) fascinée semble-t-il par le totalitarisme islamique comme elle l’a été hier par le totalitarisme communiste, ou par le maoïsme dans les années 70. Cette extrême-gauche qui par son aveuglement sert de marchepied à l’islamofascise. Une extrême-gauche à qui Médiapart sert de doctrine et Edwy Plenel de grand prêtre. Reconnaissons qu’elle n’est pas la seule à avoir l’apanage de la bêtise si l’on songe aux propos d’un chroniqueur de Télérama qui écrivait il y a quelques jours ! « Pour Riss (patron de Charlie Hebdo) les musulmans sont des nazis et ceux qui les défendent des collabos ». Que l’on compare les islamistes aux nazis d’accord mais en aucun cas les musulmans. Un tel amalgame, outre qu’il est monstrueux est dangereux car il constituerait presque un appel au meurtre envers celui qui après avoir pris une balle dans l’épaule vit sous protection policière permanente. Quand l’inconséquence frise l’inconscience.
Mais dans ce défilé il y a eu pire et on a atteint le sommet du cynisme, de l’outrance et de la médiocrité quand des manifestants ont arboré l’étoile jaune, la même que voici 75 ans l’occupant hitlérien obligeait les juifs à porter. Comment oser comparer les actes antimusulmans, pour aussi répréhensibles et condamnables qui soient, à l’élimination physique de plusieurs millions d’individus ? Une situation qui n’a pas semblé émouvoir la sénatrice du Val-de-Marne, franco-turco-israélienne Esther Benbassa pourtant spécialiste de l’histoire du peuple juif et membre d’Europe Ecologie les Verts. A croire que même pour elle la banalisation de l’abject est chose normale.
Il est urgent de garder raison et de retrouver son calme car la violence, verbale et physique, est de plus en plus présente dans notre société et a largement succédé au débat politique. A titre d’exemple il est impossible en France aujourd’hui d’avoir un débat serein sur l’immigration tant le sujet est tabou, croûle sous les interdits, les fantasmes et le complotisme, au motif que ce sujet été phagocyté par les compagnons de route de l’ultragauche et de l’islamisme radical dans un intérêt clientéliste et électoraliste. Après la violence sociale des gilets jaunes l’hiver dernier, qui démontre que la France n’en a pas fini avec ses démons, va-t-on vivre demain une violence religieuse et politique ?
Il est grand temps d’apaiser les esprits avant qu’il ne soit trop tard. Les mèches sont déjà allumées, à quand l’explosion ?
Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono