A quelques jours du sommet du G7 qui va se tenir à Biarritz, les trois coups de la rentrée politique pour le président Emmanuel Macron ont été frappés dans sa villégiature du Var, au fort de Brégançon, où il a accueilli le président russe Vladimir Poutine, avec à ses côtés la première Dame à qui, courtoisie oblige, Vladimir Poutine a offert un bouquet de fleurs.
Il est vrai que les sujets de désaccords, d’incompréhension ne manquent pas entre les deux hommes, du nucléaire iranien à la situation en Ukraine en passant par la Syrie et le chef de l’Etat à tenu hier à profiter de la résidence d’été des présidents de la République, inaugurée par Charles de Gaulle, pour mettre tous ces dossiers sur la table, en plein air, et de façon informelle. Peut-être la meilleure façon pour déminer certains d’entre eux avant la rencontre le week-end prochain dans le pays Basque avec ses homologues du G7, en particulier Donald Trump.
La paix et le réchauffement climatique au second plan ?
On se souvient que Emmanuel Macron avait accueilli à Versailles, sitôt son élection en 2017, le « tsar » Poutine et que depuis les deux hommes n’ont cessé de s’entretenir, ici et là, des sujets qui fâchent. Mais la diplomatie est souvent affaire de petits pas et on n’a pas noté jusqu’à présent de grandes avancés sur leurs différends, chacun campant sur ses positions. Avec le président américain il en va d’ailleurs sensiblement de même ces différents chefs d’Etat ayant en commun la volonté de défendre farouchement leur pré-carré et de satisfaire leur propre électorat et non pas tant de faire progresser les grandes causes planétaires que sont la paix et le réchauffement climatique, même si sur ce point la Russie à consenti à quelques concessions.
Pour la Russie une Europe des populistes
Mais à l’heure où l’Europe se cherche un leader, alors que la Grande Bretagne s’apprête à réaliser le Brexit avec Boris Johnson (et que celui-ci menace de fermer les frontières le 31 octobre en cas de no deal) et qu’en Allemagne Angela Merkel est sur le départ, Emmanuel Macron estime qu’il dispose actuellement d’une fenêtre de tir pour jouer le premier rôle sur le vieux continent. D’où cette partition avec la Russie qu’il considère, il l’a rappelé hier, comme faisant partie de l’Europe, même si celle-ci penche plutôt pour une position eurasiatique en raison de sa position géographique. Son rapprochement avec la Chine constitue d’ailleurs une des inquiétudes de l’Occident d’où les tentatives de séduction du président français pour l’ancrer un peu plus solidement en Europe quitte pour cela à se référer au siècle des Lumières, seule période sans doute de son histoire où la Russie à partagé une certaine vision politique libérale de la société. Et si aujourd’hui Poutine regarde l’Europe c’est plutôt celle de Matteo Salvini en Italie, de Marine Le Pen en France et de Victor Orban en Hongrie, autrement dit une Europe populiste, celle que précisément rejette Emmanuel Macron.
Les droits de l’Homme en plat de résistance
Les droits de l’homme ont été aussi au menu de la rencontre hier à Brégançon et sur ce point les deux présidents se sont renvoyés mutuellement la balle, l’un dénonçant la répression des manifestations à Moscou et l’autre les violences consécutives aux manifestations de gilets jaunes de ces derniers mois ? Sujet sur lequel E. Macron à tenu à souligner « comparaison ne vaut pas raison« , ajoutant qu’en France les gilets jaunes se sont présentés librement aux élections européennes et seront présents à nouveau lors des prochaines municipales. Montrant ainsi qu’ils n’avaient pas la même définition de la démocratie. Alors, dialogue de sourd ? Après une conférence de presse de soixante minutes et un tête-à-tête de près de deux heures et demie l’important est que les deux chefs d’Etat se soient parlés. Il n’y a en effet rien de pire que l’isolement dans les périodes de tensions.
Seul l’avenir nous dira si au cours de cette rencontre méditerranéenne de nouveaux petits pas ont été effectués au profit de l’humanité.
JY. Duval, Directeur d’Ichrono