Fin de la tournée économique en Casamance : Le pari industriel et sécuritaire de Bassirou Diomaye Faye

En clôturant sa tournée économique par une visite symbolique aux troupes à la veille de Noël, le chef de l’Etat a scellé un nouveau contrat de confiance avec la région sud. Entre le lancement du Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc) et un plaidoyer pour la réconciliation nationale, Bassirou Diomaye Faye tente de transformer le «grenier du Sénégal» en un pôle industriel souverain. Analyse d’un déplacement qui marque le passage du temps des promesses à celui de l’exécution, sous l’œil vigilant d’une population en quête de dividendes concrets de la paix. 

La visite du Président Bas­sirou Diomaye Faye en Casa­mance, conclue le 25 décembre 2025, n’était pas une simple formalité protocolaire. Elle a marqué le passage d’une phase de promesses électorales à une phase d’exécution stratégique, mêlant souveraineté économique, sécurité de proxi­mité et symbole républicain.

Le Président a réaffirmé une vision où la sécurité ne peut être durable sans prospérité. L’accent mis sur l’Agropole Sud et la souveraineté alimentaire traduit une volonté de transformer le potentiel agricole de la région en levier industriel. En augmentant massivement les investissements dans les infrastructures de transformation (mangue, riz, cajou), l’Etat cherche à assécher les racines du conflit en offrant des perspectives économiques réelles à une jeunesse longtemps délaissée en dépit des efforts colossaux entrepris par le dernier régime.

La doctrine  économie et paix 

La visite aux troupes le 24 décembre à la Zone militaire n°5 a servi à consolider le moral des troupes. Contrairement aux approches purement militaires du passé, le discours présidentiel a insisté sur l’accompagnement social des soldats et des anciens combattants. Ce geste, à la veille de Noël, a une double lecture : assurer les militaires du soutien sans faille du chef de l’Etat et montrer aux populations que l’Armée est un partenaire de développement (génie militaire pour les routes et écoles), pas seulement une force de contrôle.
Aujourd’hui, le  Président semble vouloir imposer une nouvelle rigueur dans le suivi des chantiers (aéroport de Ziguinchor, routes). L’enjeu est de prouver que les fonds alloués (53, 6 milliards de F Cfa pour le plan Pdc) arrivent à destination sans déperdition. C’est un test majeur pour la crédibilité de la «rupture» prônée par son gouvernement.

Certains observateurs ont noté que cette tournée privilégiait le fond institutionnel sur le folklore politique.  En évitant les démonstrations de force partisane dans un contexte de tensions politiques au sein du régime, Bassirou Diomaye Faye a tenté de revêtir l’habit de «Président de tous les Séné­galais», une posture nécessaire pour stabiliser une région qui reste politiquement sensible et historiquement frondeuse. Et dans son gouvernement où couve un différend avec son Premier ministre qui a relancé le débat sur son éligibilité au milieu de sa tournée économique. Le succès de cette visite ne se mesurera pas aux acclamations reçues, mais à la vitesse de livraison des infrastructures promises. Si les chantiers de l’Agropole et de l’aéroport avan­cent conformément au calendrier de 2026, la Casa­mance deviendra la vitrine du succès économique du régime. Dans le cas contraire, le sentiment d’abandon pourrait ressurgir.