Le Président Faye a procédé à plusieurs nominations dans la haute hiérarchie militaire sénégalaise dont la plus marquante est celle du Vice-amiral Oumar Wade à la tête de l’Armée. C’est le premier officier issu de la Marine nationale à accéder à ce poste.
Les nominations annoncées par décret présidentiel ce 8 décembre 2025 (et signées le 1er décembre) constituent un remaniement stratégique significatif, marquant à la fois une transition générationnelle et une réorientation dans la doctrine de sécurité nationale sous la Présidence de Bassirou Diomaye Faye.
Il y a une première à tout. La nomination du Vice-amiral Oumar Wade au poste de Chef d’Etat-major général des Armées (Cemga), à compter du 12 février 2026, est l’élément le plus marquant et le plus analysé. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’un officier issu de la Marine nationale prend la tête de l’ensemble des Forces armées (Terre, Air, Mer). Quelle est la signification stratégique ? Cette décision pourrait traduire une volonté politique de mettre un accent accru sur les enjeux maritimes (pêche illicite, piraterie, sécurité des plateformes gazières et pétrolières en mer, surveillance côtière). Cela s’aligne avec l’exploitation imminente des ressources naturelles offshore. C’est une reconnaissance de la diversité militaire. Cette nomination valorise la diversité des corps au sein de la hiérarchie militaire, rompant avec une tradition où les officiers de l’Armée de terre étaient majoritairement nommés à ce poste suprême.
Remaniements aux postes-clés
Les autres mouvements sont analysés comme des ajustements visant à placer des hommes de confiance à des fonctions hautement stratégiques, dans un contexte de forte réaffirmation de la souveraineté nationale : Général Cheikhou Camara (nouveau Cempar). Sa promotion au grade de Général de division et sa nomination comme chef d’Etat-major particulier du président de la République (Cempar) le place au cœur du dispositif de conseil et de sécurité présidentiels. Sa connaissance fine des dossiers, ayant été Conseiller-défense du Premier ministre, est un atout essentiel pour assurer la liaison entre le chef de l’Etat et l’appareil militaire. Le Général de Brigade Amadou Moussa Ndir est le nouveau Conseiller-défense du Premier ministre. La promotion de ce Colonel au grade de Général de brigade et sa nomination à la Primature pour conseiller le Premier ministre Ousmane Sonko constituent un choix technique et politique crucial dans la coordination des actions de défense et de sécurité relevant de l’Exécutif.
Contexte de souveraineté et de modernisation des Armées
Ces nominations interviennent dans un contexte plus large de réaffirmation de la souveraineté et de modernisation voulues par le nouveau régime : le Président Bassirou Diomaye Faye a récemment annoncé la révision des accords de défense avec les partenaires étrangers (notamment la France), soulignant une volonté d’autonomie stratégique. Ces nouveaux chefs militaires seront chargés de mettre en œuvre cette nouvelle doctrine. Pour les défis régionaux, le Sénégal étant une puissance régionale en matière de sécurité, les nouveaux commandants doivent gérer les menaces liées à l’instabilité au Sahel et la nécessité de renforcer la sécurité aux frontières. En tout cas, ce remaniement est perçu comme une dynamique de renouvellement où le chef de l’Etat impose sa marque en promouvant des profils jugés compétents et en adéquation avec la nouvelle vision sécuritaire axée sur l’autonomie et les défis maritimes émergents.