Edward Gemayel : ‘’Le gouvernement est en train de mettre en œuvre des réformes positives, avec ou sans le FMI’’

Le Sénégal est en train de mettre en œuvre des réformes et des politiques économiques ‘’très positives’’, indépendamment de la concertation qu’il mène depuis plusieurs mois avec le Fonds monétaire international (FMI) sur ses finances publiques, a signalé, jeudi, à Dakar, le chef de la mission de ladite institution financière pour le pays, Edward Gemayel. ‘’Le gouvernement est en train de mettre en œuvre des réformes et des politiques économiques très positives, avec ou sans le FMI, depuis l’année dernière’’, a précisé M. Gemayel dans une interview avec l’APS et le quotidien Le Soleil.

En guise d’exemple, selon lui, le gouvernement cherche à réduire le déficit budgétaire de 13,1 % du PIB en 2024 à 3 % en 2027.

‘’Beaucoup de réformes sont en train d’être mises en œuvre. Les filets sociaux (les dépenses sociales, les subventions destinées aux ménages les plus pauvres, par exemple) continuent de recevoir les financements nécessaires. On remarque cela dans le budget de 2026, avec une allocation de 35 milliards de francs CFA pour les transferts monétaires destinés aux ménages vulnérables’’, a observé Edward Gemayel. Ce haut responsable du FMI, qui effectue une mission au Sénégal depuis deux semaines, signale qu’il y a une batterie de mesures, 10 à 11 mesures, que les autorités sont en train de mettre en œuvre’’. Il en cite quelques-unes : ‘’l’unification de la gestion de la dette’’, ‘’l’audit des arriérés’’ et « la publication du stock de la dette entre 2019 et 2023’’.

Le FMI et le gouvernement du Sénégal mènent des négociations depuis plusieurs mois, après que les autorités sénégalaises actuelles ont estimé que les finances publiques du pays se sont fortement détériorées en raison de la publication de ‘’données erronées’’ par les ex-dirigeants du pays, entre 2019 et 2023.

L’ex-président de la République, Macky Sall, a rejeté cette accusation.

‘’Concernant la LFI 2026, les recettes sont assez importantes’’, a signalé Edward Gemayel, après avoir examiné le projet de budget transmis par le gouvernement à l’Assemblée nationale pour l’année prochaine. ‘’Nous avons recommandé aux autorités d’être un peu plus vigilantes […] dans les projections relatives à ces recettes’’, a dit le chef de la mission du FMI au Sénégal, ajoutant : ‘’Nous leur avons dit de faire attention et de s’assurer que les attentes vont se matérialiser, concernant les recettes.’’

Il a évoqué la question des ‘’données erronées’’, la ‘’dette cachée’’, dont les dirigeants actuels du pays imputent la responsabilité à leurs prédécesseurs. ‘’Le dossier du misreporting repose sur deux piliers : le premier pilier, ce sont les mesures correctrices à prendre pour éviter qu’une répétition de ce qui s’est passé’’, a expliqué Edward Gemayel. Il affirme que ‘’les autorités [sénégalaises] ont besoin d’un peu plus de temps pour la mise en œuvre de ces mesures’’.

‘’Le second pilier du misreporting, c’est l’accord sur un nouveau programme. On avance le plus vite possible, concernant ce pilier. Ce que je peux vous assurer, c’est que, concernant ces deux piliers, nous avançons le plus vite possible’’, a dit le fonctionnaire du FMI.

Edward Gemayel espère que le conseil d’administration du Fonds monétaire international va bientôt plancher sur la question du ‘’misreporting’’, les ‘’données erronées’’, la ‘’dette cachée’’. Il dit avoir noté, dans le budget à voter par l’Assemblée nationale pour l’année 2026, une réduction des subventions destinées aux ménages.

‘’Je pense qu’il y a une détermination très claire des autorités à contenir les subventions, y compris celles de l’énergie, et même à les baisser. On observe cela dans la loi de finances initiale de 2026. Les subventions à l’énergie sont en baisse. Les subventions à l’énergie baissent de façon assez conséquente, de l’ordre de 30 à 40 % à peu près, par rapport à cette année’’, a déclaré M. Gemayel. ‘’La détermination à réduire ces subventions est clairement affichée dans la LFI de 2026’’, a-t-il insisté.

‘’Nous nous sommes parfaitement mis d’accord sur la question des subventions. Il s’agit de s’assurer aussi que les ménages vulnérables sont protégés […] Là-dessus, il y a une parfaite harmonie entre les autorités et nous-mêmes’’, a poursuivi le chef de la mission du FMI pour le Sénégal.

Il approuve la stratégie mise en œuvre par le gouvernement en vue de la réduction de la dette publique. ‘’La façon dont les autorités voient la dette, c’est qu’il faut à tout prix la mettre sur une tendance baissière. Nous sommes en parfait accord avec elles’, a-t-il dit.

‘’Le FMI a un mandat très spécifique : c’est d’aider les Sénégalais à améliorer leur économie, à accroître le nombre d’emplois et la croissance’’, a-t-il précisé, ajoutant : ‘’À aucun moment, le gouvernement ne nous a critiqués. Au contraire, nous avons une relation très cordiale avec lui […] Nous entretenons d’excellentes relations et travaillons à un seul objectif : améliorer l’économie du Sénégal et la vie des Sénégalais.’’

APS