Aujourd’hui les caméras sont braquées sur le musée du Louvre, objet du casse du siècle, et c’est légitime, il en va de notre prestige national. Mais comment s’étonner de ce qui s’est passé ?
Tous les jours, on braque : –des bijouteries, des banques, des pharmacies, des boulangeries, etc. on vole : – du gaz oil dans les réservoirs de camions stationnés sur les aires de repos d’autoroute, des huîtres dans les parcs des ostréiculteurs, des systèmes GPS dans les tracteurs, des données bancaires sur Internet, des câbles électriques sur les lignes SNCF, des fruits dans les vergers des arboriculteurs, des légumes dans les serres des maraîchers, de la paille chez des exploitants agricoles, etc. etc. La liste est longue comme un jour sans fin !
On vole tout et n’importe quoi car tout se monnaie, l’or, l’argent, le cuivre, comme les pièces détachés d’automobiles, etc.
On vole aussi des milliers d’objets cultuels et culturels (calices, ciboires, etc.) dans nos églises, des livres dans les bibliothèques et des flacons de parfum ou des bouteilles d’alcool dans les magasins, de la même manière, on squatte des logements inoccupés au détriment de leurs propriétaires, on occupe illégalement les terrains des paysans pour faire la teuf. On ne respecte plus la propriété d’autrui, c’est désormais open bar, toutes les barrières civilisationnelles ayant sauté pour revenir à un état grégaire, où la loi du plus fort, du plus roublard, s’impose à l’autre.
Rien n’échappe à la rapacité des individus désireux de se faire du fric sur le dos des autres, au mépris des lois et des règles de vie en société ! Nous vivons une époque où on ne respecte plus rien, ni personne nous signifiant que la modernité n’est pas synonyme de progrès.
On vole parce que on ne respecte plus rien, ni personne, parce qu’on ne respecte pas plus l’uniforme des gendarmes, policiers, pompiers, que les les robes des juges, comme on défie l’autorité des enseignants, ce qui témoigne de l’échec de l’éducation familiale et scolaire. C’est un signe des temps, l’expression d’une société qui tombe en décrépitude, en déliquescence, une réalité inquiétante, preuve d’une humanité déshumanisée, désincarnée.
De la même façon nous subissons quotidiennement des attaques aux personnes et aux biens, des agressions dans la rue, des carjacking, des homejacking, les halls d’immeubles sont occupés par des factions de dealers à la recherche de l’argent facile et le trafic de drogues n’a jamais été aussi florissant et prospère. Les incivilités sont partout, en particulier au volant où pour une parole en l’air les automobilises s’étripent et se poignardent. La tolérance n’est plus de mise, l’intolérance la règle. Les individus sont devenus individualistes, égoïstes, notre société est celle du paraître et non de l’être, notre culture est devenue superficielle et l’ignorance s’est répandue un peu partout, l’avoir étant plus important que le savoir, dans toute les couches de la société française, propagée par Internet et les réseaux sociaux, alors que les ados restent scotchés pendant des heures devant leurs téléphones portables, leurs tablettes, leurs jeux vidéos, voire des sites promouvant la violence, d’où l’existence de plus en plus de délinquants et de criminels à peine pubères. La communication n’est plus réelle, même dans les familles, mais virtuelle, on se parle désormais par outilnumérique interposé et on se dit que l’intelligence artificielle vaudra toujours mieux que l’intelligence naturelle.
Et après on s’étonne que beaucoup disent «c’était mieux avant », que les gens soient passéistes, voire nostalgiques d’une époque, révolue, où on vivait honnêtement de son travail, et non de rapines et de fraudes fiscales, à la sécurité sociale, aux allocations familiales, etc. Les gens se contentaient de ce qu’ils avaient, sans envier continuellement la maison, la voitures, voire la femme de son voisin, ils économisaient et épargnaient avant d’acheter ce qui leur donnait la valeur de l’effort et de l’argent. Ce n’était pas pour autant le monde idéal, la perfection n’étant pas de ce monde, mais du moins était ce moins pire. Quant on ne peut prétendre à l’absolu on se satisfait de ce qui est relatif, la mondialisation et les nouvelles technologies ont bouleversé nos existences. On a exploité jusqu’au trognon les vraies valeurs, transmises de génération en génération, comme on a épuisé sans vergogne les ressources terrestres et force est de constater que nous sommes à la fin d’un cycle, et qu’il y a urgence à nous régénérer.
Ainsi meurent les sociétés, après avoir trop tapé dans l’héritage au point de le dilapider ! Le mal est fait et nous récolterons ce que nous avons semé, il nous faudra boire la coupe jusqu’à la lie.
Jean-Yves Duval journaliste écrivain

