Invité spécial du Mouvement des entreprises françaises (Medef), le Président BDF a été reçu hier par Macron, assurant que les deux pays sont résolus à «avancer ensemble, de façon concrète». Dans un cadre rénové, ajoute Diomaye, qui a vendu au patronat français les potentialités du Sénégal. Cette visite présidentielle sera suivie, dans quelques semaines, du séminaire gouvernemental présidé par les deux Premiers ministres.
Après Tokyo, le Président Faye a rallé Paris pour mettre davantage sur Seine les relations entre Dakar et Paris. Même si son absence ou boycott du Sommet de la Francophonie, organisé par la France, avait été perçu comme un acte de retrait idéologique, couplé plus tard au retrait des Armées françaises, la réalité diplomatique est comme votre propre ombre qui vous pourchasse la nuit. Hier, le tête-à-tête avec Macron est aussi moulé dans cette relation pacifiée en dépit de différences idéologiques naissantes. Mais, ce sera toujours dans un cadre aseptisé ?
Selon la Présidence, les deux chefs d’Etat ont passé en revue les programmes de coopération bilatérale et discuté des moyens de renforcer le partenariat rénové entre le Sénégal et la France, notamment dans les domaines de l’investissement, du commerce, de la défense et de la sécurité. Cette révision de la coopération sera approfondie lors du prochain séminaire intergouvernemental prévu en septembre, rapporte la présidence de la République du Sénégal.
Sur X, Emmanuel Macron assure que la France et le Sénégal sont résolus à «avancer ensemble, de façon concrète». «Nous voulons avancer ensemble, de façon concrète, sur notre agenda commun, notamment économique», ajoute le Président français, qui dit avoir eu un «excellent entretien» avec le Président Faye. «Nous avons travaillé au renouvellement de notre partenariat, dans la continuité de nos différents entretiens. Questions économiques, mémorielles, internationales, de sécurité, préparation du Sommet Afrique-France de 2026, autant de sujets sur lesquels nous travaillons étroitement avec le Sénégal au service du rapprochement entre nos deux pays», ajoute Macron.
Emmanuel Macron : «Nous voulons avancer sur notre agenda commun»
Pour Bassirou Diomaye Faye, qui revient du Japon, la participation à la rencontre annuelle des entrepreneurs français est une tribune pour faire la promotion «Invest in Senegal» dans un cadre plus rénové. Invité spécial du Mouvement des entreprises de France (Medef), il explique : «Le Sénégal reste un pays ouvert à tous les partenariats et s’emploie à instaurer un environnement des affaires stable, prévisible, propice à la sécurité et à la protection de l’investissement. Vous y avez toute votre place dans un contexte mondial de compétition et, hélas, de guerres commerciales de plus en plus ardues.
Malgré cette conjoncture mondiale quelque peu rugueuse, nous avons un atout commun, celui d’une dynamique bilatérale positive.» Il trace des perspectives nouvelles : «Avec le Président Emmanuel Macron, nous avons convenu de donner une impulsion nouvelle à la coopération entre nos deux pays. Sans cette ambition, nous ne pourrons rien réaliser ensemble. Et cette ambition ne pourra se réaliser qu’avec le secteur privé, parce que c’est vous qui créez la richesse et l’emploi.»
Face au patronat français, le Président Faye a vanté la Vision Sénégal 2050, qui «offre aux services privés de réelles opportunités d’investissement et de partenariat public-privé dans plusieurs secteurs». Il insiste : «Dans le même temps, nous avons entrepris une gestion rigoureuse de nos finances publiques afin de préserver la soutenabilité de notre trajectoire et de renforcer la confiance des investisseurs. Nous veillons également à protéger le pouvoir d’achat de nos concitoyens et à maintenir un climat social apaisé, condition indispensable à l’investissement et au développement. Et conscients que la compétitivité se joue aussi dans le cadre réglementaire et fiscal, nous avons lancé la révision de trois codes.»
Le cercle d’amis
Aux yeux de Diomaye, les potentialités existent et attendent d’être optimisées dans des partenariats nouveaux. «L’agro-industrie, avec ses agropoles au niveau des régions, est au cœur de notre ambition de souveraineté alimentaire, tout en offrant, bien sûr, des débouchés exportateurs vers des marchés de plus en plus demandeurs. Nos infrastructures modernes -autoroutes, ports, aéroports, corridors logistiques- renforcent notre intégration dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.» «L’un de nos plus grands atouts, et qui constitue un axe majeur autour du capital humain, c’est la jeunesse de notre pays, plus de la moitié de notre population a moins de 25 ans.
Cette jeunesse éduquée, connectée, créative, constitue une source de talent unique pour les entreprises. Voilà pourquoi nous investissons massivement dans la formation, dans l’innovation et l’entrepreneuriat, pour transformer cet atout démographique en avantage compétitif.»
Aujourd’hui, il faut un rappel : le dernier rapport d’exécution budgétaire a montré que les partenaires financiers qui ont le plus soutenu notre économie cette année sont, dans l’ordre, la Banque mondiale avec 8 milliards, les Anglais d’Orio Invest International, 3, 7 milliards, les Allemands de la Kfw, 3 milliards, l’Afd de la France, 1, 9 milliard, la Coopération italienne, 1, 2 milliard. Les institutions partenaires régulières comme la Bad, la Bid, la Badea, la Jica ou le Fida viennent derrière.