Tensions avec les pays de l’Aes : L’UEMOA APRÈS LA CEDEAO

A Lomé, des tensions entre les pays de l’Aes et les autres Etats membres de l’Uemoa sont apparues lors de la 2e session ordinaire annuelle du Conseil des ministres tenue vendredi. Le Mali, le Burkina et le Niger ont quitté précipitamment la rencontre pour dénoncer le non-respect de la règle tournante de la présidence du Conseil des ministres, qui aurait dû revenir à Ouagadougou. Il reste l’arbitrage des chefs d’Etat pour éviter une crise institutionnelle au sein de l’organisme d’intégration économique et monétaire.

Après la Cedeao, l’Uemoa ? On n’en est pas encore là, mais l’incident, qui est passé presque inaperçu, a créé un gros malaise au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Ce vendredi, il s’est passé un évènement majeur à Lomé, où se tenait une rencontre de l’organisation : les représentants des États de l’Aes ont claqué la porte de la 2e session ordinaire annuelle du Conseil des ministres à cause des dissensions sur la présidence tournante du Conseil de l’Uemoa.

Faute d’accord sur la désignation du Burkina Faso pour présider le Conseil des ministres conformément au traité de l’Uemoa, les représentants des Etats de l’Aes, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont boycotté la rencontre. L’article 11 du traité stipule ceci : «Le Conseil choisit l’un des ministres chargés des Finances de I’Uemoa pour présider ses travaux.

Cette élection, faite ès qualité, doit appeler les ministres chargés des Finances de l’Uemoa à présider à tour de rôle le Conseil. La durée du mandat du président est de deux ans. Le président du Conseil des ministres convoque et préside les réunions du Conseil. II veille à la préparation des rapports et des propositions de décisions qui lui sont soumis et à la suite qui leur est donnée (…).»

Arbitrage de la Conférence des chefs d’Etat

Jusqu’ici, c’est le ministre ivoirien des Finances qui préside le Conseil, et son mandat est arrivé à terme. Donc, c’est le statu quo. Avec ce blocage institutionnel, il faudra une intervention de la Conférence des chefs d’Etat de l’Uemoa pour débloquer la situation. Cette affaire ressemble à une fracture politique et même idéologique entre les 5 pays de l’Uemoa qui sont membres de la Cedeao et les trois pays regroupés au sein de l’Aes, «en quête d’autonomie économique et monétaire».

Selon un expert malien, «l’acte peut être perçu comme une démonstration de force de l’Aes pour imposer des réformes ou même préparer une séparation éventuelle». D’après lui, «ils exigent une redéfinition des relations avec la France, garante du franc Cfa, et contestent le rôle persistant de Paris dans la zone monétaire».

Créée en 1994, l’Uemoa est un organisme d’intégration économique et monétaire dont le siège se trouve à Ouagadougou. «Huit pays, un destin» constitue son slogan, montrant une stratégie originale. Mais la survivance du Cfa, considéré comme une monnaie coloniale, risque de provoquer de nouveaux remous si l’on sait que les Etats de l’Aes ont rompu tout lien avec Paris. Est-ce le début du compte à rebours ? Wait and see !