Le chef de la junte au pouvoir au Mali a promulgué une loi, le 10 juillet, le maintenant au pouvoir jusqu’à 2030 au moins. Cette mesure s’inscrit dans une série de restrictions sévères aux libertés prises par les militaires pour consolider leur régime dans le pays sahélien.
Début juillet, le régime militaire a accordé un mandat de président de cinq ans, renouvelable « autant de fois que nécessaire » et sans élection au chef de la junte au pouvoir au Mali, le général Assimi Goïta. La promulgation de la loi, annoncée le 10 juillet dans un document diffusé sur les réseaux sociaux et authentifié de source officielle, maintient Assimi Goïta à la tête de l’Etat jusqu’à 2030 au moins.
« Il remplit les fonctions de chef de l’Etat (…) jusqu’à la pacification du pays, à compter de la promulgation de la présente charte », selon la loi. Arrivés au pouvoir au Mali à la suite de deux coups d’Etat en 2020 et 2021, les militaires s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024. Ils ont depuis manqué à leur promesse.
Le président de la transition, les membres du gouvernement et les membres de l’organe législatif installé par les militaires sont éligibles à la présidentielle et aux élections générales. La durée du mandat peut être toutefois « écourtée dès que les conditions permettant l’organisation d’une élection présidentielle transparente et apaisée sont réunies », précise le texte.
Cette mesure est la dernière d’une série de sévères restrictions aux libertés prises par les militaires pour consolider leur régime dans le pays sahélien.
Contexte de répression
Lors d’une rare prise de position publique à Bamako, des partis politiques avaient accusé la junte de vouloir leur dissolution. Ce rassemblement de partis, sous haute surveillance policière, avait réuni plusieurs centaines de personnes, le 3 mai, et revêtu un caractère exceptionnel, dans un contexte de répression de toute voix discordante.
Depuis, la junte a annoncé la dissolution des formations politiques et des organisations politiques maliennes. Leurs membres ont été interdits de réunion par les militaires.
La promulgation de la loi vient appliquer les recommandations faites à l’issue d’une concertation nationale organisée par la junte, fin avril. Cette concertation nationale – marquée par la présence des soutiens du régime, mais boycottée par la plupart des formations politiques – avait également demandé la dissolution des partis et des restrictions à leur possibilité d’en créer.
Exactions contre des civils
Pour rappel, le Mali est en proie, depuis 2012, à une crise sécuritaire meurtrière, nourrie par les violences de groupes affiliés à Al-Qaida et à l’organisation État islamique, ainsi que des groupes criminels communautaires.
L’armée malienne et ses alliés – les mercenaires russes d’Africa Corps – chargés de traquer les djihadistes, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils. Le Mali et ses voisins du Niger et du Burkina Faso se sont réunis au sein d’une confédération, l’Alliance des États du Sahel.
AFP