Aïssatou Tall Sall : « Nous ne sommes pas là pour applaudir, mais pour dénoncer chaque dérive, le Sénégal ne commence pas en 2024 »

Dans un climat politique déjà tendu, la passe d’armes entre Aïssatou Tall Sall et le Premier ministre Ousmane Sonko révèle l’ampleur du fossé qui sépare la majorité et l’opposition au Sénégal. En réaction aux propos de Sonko, qui affirmait récemment que « l’opposition n’existe plus dans ce pays », la présidente du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal a choisi de répliquer sans ambages.

Face aux militants et journalistes réunis pour l’écouter, l’ancienne ministre a tenu à rappeler que l’opposition qu’elle incarne ne se résume pas à des agitations médiatiques, encore moins à des actes de violence. « Nous sommes bel et bien là, une opposition debout, ferme, déterminée — pas une opposition de pyromanes », a-t-elle martelé, dénonçant ce qu’elle considère comme une volonté délibérée de caricaturer toute voix critique.

Aïssatou Tall Sall a accusé Ousmane Sonko de vouloir amalgamer l’exercice démocratique normal de l’opposition avec les périodes de contestation violente que le Sénégal a connues ces dernières années. Pour elle, cette stratégie vise à délégitimer toute contestation et à museler les contradictions essentielles à la vitalité démocratique.

« Si pour lui s’opposer c’est brûler, insulter et détruire, alors qu’il sache que ce n’est pas notre école », a-t-elle lancé, précisant qu’elle défend une ligne politique respectueuse des institutions, mais intraitable sur les principes républicains.

Soucieux de ne pas laisser l’opinion croire qu’il n’existe plus d’alternative politique crédible au pouvoir actuel, Aïssatou Tall Sall a rappelé que l’opposition qu’elle dirige n’a pas à rougir de son bilan ni de ses convictions. Selon elle, elle se distingue de celle qu’a incarnée le parti Pastef sous Macky Sall, par sa capacité à conjuguer fermeté et responsabilité. « L’opposition que nous portons est celle de la construction, du dialogue et de la fermeté démocratique, loin du chaos politique », a-t-elle précisé.

Dans un ton résolument offensif, elle a réaffirmé que Takku Wallu Sénégal ne se contentera jamais d’un rôle figuratif dans l’hémicycle et qu’elle compte continuer à interpeller le gouvernement à chaque manquement. « Nous ne sommes pas là pour applaudir, mais pour dénoncer chaque dérive, chaque écart, et rappeler que le Sénégal ne commence pas en 2024 », a-t-elle souligné, évoquant la nécessité d’honorer l’héritage démocratique et institutionnel accumulé depuis des décennies.

À travers cette sortie musclée, Aïssatou Tall Sall adresse un message clair au Premier ministre et à la majorité présidentielle : l’opposition existe, elle est organisée, et elle n’a pas l’intention de rester silencieuse. Dans un contexte politique marqué par la crispation et la méfiance entre camps rivaux, ses propos augurent d’une législature qui promet d’être particulièrement animée.