327 milliards d’excédent ? Attention à l’illusion d’optique (par Ibrahima Thiam)

Le pouvoir actuel jubile : la balance des paiements affiche un excédent record de 327 milliards FCFA. Et ce chiffre est brandi comme une preuve éclatante du succès économique du gouvernement. Mais faut-il vraiment applaudir si vite ?

Derrière ce chiffre flatteur se cache une réalité moins brillante. Car un excédent extérieur, en soi, n’est pas toujours bon signe. Il peut même révéler un malaise silencieux de l’économie.

D’abord, si les importations baissent fortement, ce n’est pas forcément parce que nous produisons plus. C’est souvent parce que les Sénégalais consomment moins, que les entreprises importent moins de machines, de matières premières ou de biens d’équipement. Autrement dit : l’activité ralentit.

Ensuite, si les exportations tiennent bon, c’est surtout grâce à l’or, au ciment, ou à la pêche. Des secteurs très particuliers, souvent contrôlés par des multinationales, qui emploient peu de Sénégalais et rapportent peu à l’économie locale.

Donc non, ce chiffre ne reflète pas forcément une économie “plus forte”, comme veut le faire croire le régime. Il pourrait même signaler le contraire : une économie qui s’essouffle, une consommation qui fléchit, un pouvoir d’achat en chute libre.

C’est facile de célébrer des chiffres, plus difficile de regarder la vie des gens. Un bon bilan économique, ce n’est pas un excédent à la Banque centrale, c’est des prix qui baissent, des jeunes qui trouvent du travail, des entreprises qui tournent, des familles qui mangent à leur faim.

Au lieu de s’autocongratuler, le gouvernement devrait peut-être se demander pourquoi les chiffres ne reflètent pas ce que les Sénégalais vivent au quotidien.

Ibrahima Thiam, Président du parti Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT)