Ofnac : passation de service, le magistrat Moustapha Ka succéde à l’ex-procureur Serigne Bassirou Guèye,

L’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) a officiellement ouvert un nouveau chapitre de son histoire ce lundi 29 décembre 2025. Lors d’une cérémonie solennelle de passation de service, le magistrat Moustapha Ka a succédé à l’ex-procureur Serigne Bassirou Guèye, marquant le début d’une ère attendue de réformes profondes pour l’institution.

Le sentiment du «devoir accompli» pour Serigne Bassirou Guèye. Après trois années passées à la tête de l’office, le président sortant, Serigne Bassirou Guèye, a quitté ses fonctions avec un discours teinté de lucidité. Il a souligné les avancées réalisées sous son mandat, notamment l’intensification de la lutte contre la fraude et le renforcement des pouvoirs de l’institution via la loi de février 2024. Devant le personnel et les partenaires, il a affirmé partir avec le «sentiment du devoir accompli», tout en reconnaissant l’ampleur des défis qui subsistent face au «mal endémique» de la corruption.

Serigne Bassirou Guèye a rappelé que durant son mandat, l’Ofnac a intensifié ses investigations. Il a évoqué le dépôt de plusieurs dizaines de rapports d’enquête sur la table du procureur de la République ces dernières années. A titre d’exemple, pour la seule année 2023, 40 rapports d’enquête avaient été transmis aux autorités judiciaires.

Pour l’année 2024-2025, il a confirmé que de nouveaux dossiers (notamment 6 dossiers majeurs transmis récemment au Procureur financier) concernent des faits de détournement de deniers publics et de corruption.

Il a insisté sur le principe du «dessaisissement», qui est un point de droit pour répondre aux critiques sur l’apparente lenteur des poursuites : «Une fois que le rapport est déposé sur la table du procureur, l’Ofnac est juridiquement dessaisi du dossier.» Selon lui, l’Office a rempli sa part du contrat en identifiant les infractions et en réunissant les preuves. La responsabilité de déclencher l’action publique (les arrestations et les procès) incombe désormais exclusivement au Parquet, et non plus à l’Ofnac.

La collaboration avec le nouveau Pjf

Il a souligné que la création du Pool judiciaire financier a permis de donner un nouveau souffle aux rapports de l’Ofnac. Plusieurs dossiers «en souffrance» auraient été réactivés et sont actuellement en cours d’instruction par cette section spécialisée.
Fraîchement installé, le nouveau président Moustapha Ka a immédiatement affiché ses ambitions. Dans une allocution empreinte de gravité, il a placé son mandat sous le sceau de l’intérêt général et de la responsabilité républicaine.

«L’institution doit s’engager résolument sur la voie de la rigueur et de l’Etat de droit», a-t-il déclaré, rappelant que l’Ofnac nouvelle version devra incarner une culture d’intégrité sans faille.

Accompagné de son vice-président, la figure de la Société civile Birahime Seck, et des dix autres nouveaux membres nommés après un processus de sélection inédit, Moustapha Ka aura pour mission de mettre en œuvre la loi 2025-12. Cette réforme majeure recentre l’office sur la grande corruption et garantit désormais la libre publication de ses rapports d’enquête.

Un tournant institutionnel attendu

Cette passation n’est pas qu’un simple changement de visages. Elle symbolise la volonté des nouvelles autorités de «désinfecter» la gestion publique. Avec une équipe issue d’un appel à candidatures public et transparent, l’Ofnac dispose désormais d’une légitimité renforcée pour s’attaquer aux dossiers brûlants de l’enrichissement illicite. Le premier grand test de cette nouvelle équipe sera sans nul doute la gestion des rapports d’activités en retard et la mise en œuvre effective des nouveaux pouvoirs d’investigation.