Quand un virus menace la planète et nous projette vers la 6ème extinction d’espèces ….

Lire, ou relire Hanna Arendt c’est réaliser que dans l’histoire du monde les heures sombres sont cycliques. Le dérèglement climatique, la montée des extrêmes, les violences comme aux Pays-Bas ces jours-ci – ou durant des mois à Paris avec les gilets jaunes -, le terrorisme, les famines, les guerres, la déforestation et l’anéantissement d’espèces animales innombrables, la montée irréversible des eaux avec en perspective ses millions de réfugiés climatiques, la pandémie du Covid 19, etc. font partie de notre quotidien. La terre n’a-t-elle pas déjà connu cinq extinction d’espèces ? La vraie question est : a quand la prochaine ?
On en finirait par ne plus remarquer la beauté des choses, la générosité de certains êtres qui nous entourent, la nature qui ressurgit en mène temps que la vie chaque printemps. Le consumérisme de nos sociétés nous a en effet détourné de l’essentiel, de goûter et d’apprécier les choses simples, de vivre l’instant présent dans l’impermanence du temps.
Le monde moderne avec l’évolution des sciences et des technologies nous a fait oublier que nous restions de simples mortels face aux accidents de la route, AVC, cancers, etc. et bien sur aux virus et à leurs mutants génétiques. Nous ne sommes pas les maîtres du monde pas plus que les maîtres des horloges. Nous restons des passagers du vent, balloté au gré des cyclones naturels, industriels, alimentaires que nous provoquons nous-mêmes, car depuis la nuit des temps nous jouons les apprentis sorciers comme dans le poème de Goethe, * sans tenir compte des drames précédents qui ont endeuillé le monde, quelle qu’en soit la nature, oubliant que l’histoire est un perpétuel recommencement .
Avec le réchauffement climatique, des sols gelés, vont en fondant libérer des milliards de virus inconnus, jusque-là maintenus en hibernation. Or dans l’état actuel de nos connaissances nous ne connaissons rien d’eux et de leur nocivité, peut-être extrême. Il nous faudra pourtant vivre avec. Ou mourir. C’est dire que nous devons rester humbles dans l’adversité car celle-ci s’inscrit dans l’histoire de l’humanité, et avoir foi dans l’avenir, comme cela a été le le cas de nos prédécesseurs aux pires moments de l’histoire. Seul l’espoir sauve et fait vivre. Et ce, en dépit des gigantesques ailes noires qui obscurcissent chaque jour un peu plus notre horizon.
Il y a d’ailleurs quelque chose d’inimaginable à penser pense qu’à côté de l’arsenal nucléaire des grandes puissances qui pourrait faire exploser la terre des dizaines de fois, c’est un minuscule être vivant, invisible au microscope, qui aujourd’hui terrasse la planète et ses milliards d’habitants.
Quelle ironie de l’histoire ! Notre condition d’humain est bien peu de chose, et tellement fragile.
* Je vous invite à écouter la symphonie éponyme de Paul Dukas, elle nous place dans l’atmosphère si particulière de ce que nous vivons aujourd’hui.
Jean-Yves Duval directeur d’ Ichrono