«La nuit est tombée sur Dakar» de Aminata Sophie Dieye.

Aminata Sophie Dieye auteure du roman «La nuit est tombée sur Dakar».

C’est un coup de cœur littéraire que nous fait partager Aminata Thior. « La nuit est tombée sur Dakar » raconte l’histoire de deux jeunes Sénégalaises qui veulent à tout prix échapper à leur condition et sortir de la pauvreté. On rit, on pleure, on s’émeut à la lecture du roman d’Aminata Sophie Dieye, disparue depuis.

Retrouvez la présentation du livre « La nuit est tombée sur Dakar » de la sénégalaise Aminata Zaaria.

Ce livre, paru en 2004 aux éditions Grasset, est présenté par l’écrivaine gabonaise Edna Marey Apinda. Ce roman est paru en 2004 aux éditions Grasset. Son auteur, Aminata ZAARIA, née en 1973, vient du Sénégal.

C’est un roman dont l’attrait principal réside dans le panorama des thèmes abordés : l’amitié féminine, la jeunesse et son désir de changer le destin, une ébauche d’amour en noir et blanc. La nuit est tombée sur Dakar est d’abord l’histoire d’une amitié très forte entre Dior et la narratrice, deux adolescentes de dix sept ans.

Elles vivent toutes deux dans un village du Sénégal, qui respire parfois l’ennui. Pour tromper ce dernier, les filles lisent des magazines de papier glacé et ont des rêves. Le roman traite du sujet d’actualité dans nombreuses villes africaines : partir. C’est en ce point qu’il nous intéresse car il décrit les efforts que certaines jeunes femmes consentent et les sacrifices qu’elles sont prêtes à vivre pour voir enfin leur rêve se réaliser : se trouver un homme blanc (synonyme d’aisance) et aller en Europe s’offrir une vie meilleure.

La prostitution est coutumière dans ce genre de quête.

Dans le cas qui nous intéresse, celui de Dior, on dira qu’il est plutôt question d’une rencontre amoureuse teintée de naïveté. Ayant réussit à partir du village pour Dakar, Dior s’installe chez Paul Grenelle dont elle est amoureuse et auquel elle a donné son bien le plus précieux, sa virginité. Elle fait l’entremetteuse pour la narratrice qui elle tombe sur un homme beaucoup plus âgé, qu’elle compare à un batracien, tant elle le trouve répugnant.

Des passages frappants dans ce roman nous font vivre la douleur : – celle de l’excision que subit Dior, arbitrairement, de la main de son père. « Elle n’avait que cinq ans et était ensuite tombée malade, elle n’arrêtait pas de saigner et sa mère enduisait la blessure de sable chauffé mélangé à de l’huile de palme. Ce qui avait fini par l’infecter. » (p. 166) – celle qu’elle fini par vivre sous le mépris de la jouissance que tire son amoureux du fait de son incapacité à elle à éprouver du plaisir, car excisée. – celle de l’abandon par un amoureux et la déchéance après avoir vécu le rêve. « Il n’est pas marié et ne l’a jamais été.

Le seul problème c’est que ce gars a peur de ramener une négresse dans ses bagages. » (p. 160) L’évocation de Dieu est constante. On le craint, on espère qu’il regarde et qu’il saura être clément ou alors on doute de lui. .

« Sache que s’il y a parmi les registres de Dieu un petit carnet consacré à l’existence des petites négresses que nous sommes toi et moi, ça fait longtemps qu’il n’y a pas jeté un coup d’œil. Il ne sait même plus ce que nous sommes devenues. » (p. 208) Loin de toute retenue ou d’un quelconque tabou, l’on parle dans ce livre de désir féminin, de sexualité. Les personnages ont une liberté de parole peu commune dans la littérature féminine sénégalaise. « Ce que je fais avec Peter c’est mon problème. Je suis une femme et non un fagot de bois.

Je n’ai pas honte d’avoir une vie sexuelle et si ça choque, tant pis. » (p. 93) L’on est frappé dès le début par la détermination et l’envie de ne pas sombrer qui habite les protagonistes, Dior en particuliers. Elle sait décider pour elle, pour son avenir. De fait, pour elle partir loin du village est plus qu’une nécessité. Mais, d’Europe, il n’y en aura jamais pour Dior, qui attendait cela plus que tout. La vie va mordre notre héroïne au caractère résolu et elle termine frappée par un réalisme troublant.

« C’est nous qui vous rendons service, oui, nous qui acceptons de vous ouvrir nos cuisses pour que vous puissiez assouvir vos fantasmes alors que personne ne veut plus de vous. » (p. 188) Comme souvent dans le roman Africain (ex : Maïmouna* ; ville cruelle*…), la grande ville est le lieu où viennent mourir les illusions des villageois. Il a suffit a Dior d’une gifle du destin –le refus de son amoureux de l’emmener en Europe- pour que sa détermination à prendre en main sa vie et se créer un avenir, s’effondre comme un château de carte. L’histoire se termine mal alors que pris d’affection pour ces deux personnages, l’on aimerait crier des mots d’encouragement, malgré les difficultés de la vie, et les désillusions.

Cette histoire aurait pu se passer dans n’importe quelle capitale Africaine. Les nuits de Douala ou de Libreville brillent de ces mêmes lumières qui aimeraient illuminer un foyer à Paris, Barcelone ou New York. Le style de ce roman est simple et limpide. La parole y est libre. Les mots n’ont rien à cacher. Un roman qui se lit d’un trait. Il donne à réfléchir sur les affres de la vie et à vivre par l’imagination, la belle Dakar

http://www.artdethies.com/wp-content/uploads/2011/01/Sophie-dieye.pdf

Aminata Zaaria est née en 1972 à Thies, au Sénégal. Diplômée du Conservatoire supérieur d’art dramatique de Dakar, elle exerce longtemps comme journaliste chroniqueuse à Sud Quotidien et au Cafard libéré, deux grands journaux.

Comédienne, elle est aussi l’auteur d’une pièce de théâtre : Consulat Zénéral, jouée dans cinq pays d’Afrique et qui est une satire de la société africaine.

Son premier roman, La Nuit est tombée sur Dakar, connait un vif succès et reçoit le Prix Emmanuel Roblès de la ville de Blois.

Aminata Zaaria est aussi actrice : elle a interprété le personnage Aminata dans le film Lili et le baobab, sorti en 2006 (produit par Chantal Richard).

Pour ses écrits, Aminata Zaaria s’inspire des petits détails de la vie réelle. Elle affectionne aussi l’introspection, qui lui permet d' »affronter les vagues qui me traversent pour ne pas faire naufrage moi-même ».

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

Romans  La Nuit est tombée sur Dakar, Grasset, 2004

  • La Putain amoureuse d’un pèlerin juif, 2007

Théâtre 

  • Consulat Zénéral