Mamadou N’Diaye entre au musée de la Piscine à Roubaix

« Les immigrés ont apporté beaucoup au monde et à la France, l’histoire ne ment pas, elle nous montre par divers aspects la rencontre des cultures. Notre compatriote avait fait du bien et un musée le remet en lumière en espérant que les nouvelles générations comprendront » 

Comme vous avez pu l’apprendre par l’engouement médiatique des derniers jours, le musée a fait une nouvelle acquisition pour le moins étonnante. Découvert récemment par Germain Hirselj, administrateur de la Société d’émulation de Roubaix et de l’association des Amis de La Piscine, un vitrail représentant Mamadou N’Diaye vient d’être offert au musée par la Société des Amis de La Piscine. L’identification du sujet a pu être attestée par une dédicace inscrite au-dessous du vitrail «À mon cher Mamadou qui m’a sauvé la vie.» signé par « La Marquise », ainsi que par l’effigie même du modèle dont la photographie a été publiée à plusieurs reprises dans la presse.

Mamadou N’Diaye (1909-1985) est un immigré sénégalais au destin hors du commun. Son histoire romanesque l’a érigé au rang de légende roubaisienne. Avant de s’installer dans notre ville, en 1931, il sillonne les mers du globe comme mousse. Sur la terre ferme il s’essaie à la boxe, qui n’a bientôt plus de secret pour lui : surnommé la «  panthère noire  », il devient entraîneur et fonde son propre club, le Boxing club colonial de Roubaix. Mais son histoire ne s’arrête pas là. En 1951, il commence une toute autre activité qui le rendra bien plus célèbre. Il devient guérisseur et c’est tout un quartier qui sera marqué par ses talents: le quartier du Pile où se trouve son cabinet. Avec ses 54 000 attestations de guérisons il crée sa réputation dans la région et même en Belgique. Conduit à plusieurs reprises devant le tribunal pour exercice illégal de la médecine, Mamadou a bénéficié de nombreux soutiens et d’une véritable ferveur populaire. Ce n’est autre qu’André Diligent, sénateur du Nord qui le défendra. Le futur maire de Roubaix relate notamment qu’à la sortie de l’audience la greffière, qui éprouve des douleurs terribles au dos, est guérie sur place par Mamadou. «On perçoit un craquement impressionnant. La greffière reste figée sur place. Elle est guérie », note la presse locale le lendemain du procès. Ce coup de théâtre nourrit un peu plus la légende d’un homme d’exception, qui recevra à sa mort en 1985 des hommages en masse.

Dans l’agrandissement – actuellement en cours de travaux – le musée consacrera un vaste espace à l’histoire de Roubaix où le portrait de Mamadou aura pleinement sa place dans la galerie des illustres. Les collections du musée n’ont que peu de témoignages de l’histoire de l’immigration à Roubaix. Ce don par les Amis du musée viendra donc utilement combler une lacune et enrichir la séquence consacrée à l’histoire de la ville.

Vitrail représentant  Mamadou   Vitrail H. 66  cm ; L. 47 cm
Don de la Société des amis du musée en 2017   Photo : A. Leprince

https://www.roubaix-lapiscine.com/actualites/acquisition-mamadou-ndiaye-entre-au-musee/

https://www.lirearoubaix.com/mamadou-ndiaye-star-dun-numero-special-des-cahiers-de-roubaix/

Roubaix et Wattrelos Elle a eu le vitrail de Mamadou pendant trente-deux ans chez elle

On a retrouvé la trace de celle qui possédait le vitrail de Mamadou avant qu’il soit acquis par le musée de la Piscine de Roubaix. Agnès Vigin Sinko et son mari l’avaient acheté avec trois tableaux représentant le célèbre guérisseur du Pile, à sa mort, en 1985. Elle raconte.

Par Bruno Renoul

s voir « son » vitrail » rejoindre la Piscine de Roubaix.

S’il y a bien une personne qui a été ravie de voir l’histoire de Mamadou exhumée, c’est Agnès Vigin Sinko. En lisant notre article racontant le fabuleux destin de ce guérisseur sénégalais à qui l’on prête 54 000 guérisons à Roubaix des années 1950 à 1980, la Wattrelosienne a frémi : le vitrail retrouvé dans un dépôt-vente de Villeneuve d’Ascq et acquis par le musée de la Piscine, qui veut l’accrocher dans la future salle sur l’histoire…

PB Cissoko

https://www.lavoixdunord.fr/260708/article/2017-11-08/elle-eu-le-vitrail-de-mamadou-pendant-trente-deux-ans-chez-elle